dimanche 2 janvier 2011

Mon accouchement #3 (fin)


Dans l'épisode précédent

Nous arrivons devant la porte des salles d'accouchement. Une sage-femme arrive pour me prendre par le bras. Je lève les yeux vers elle.

- Oh merci mon dieu !  C'est toi !

Et je me remet à pleurer, mais de joie cette fois




Il est 18h00 environ


C'est Rahel qui me tient par le bras. Rahel, c'est la sage-femme qui a réussi à calmer toutes mes peurs, c'est ma sage-femme, celle que je peux tutoyer et qui sait rire à mes blagues. Celle qui a su m'expliquer que la douleur existe oui, mais qu'elle ne ressemble à aucune autre. Que oui, j'ai droit à une péridurale mais qu'il faut ressentir si j'en ai le besoin ou pas. Rahel, c'est elle qui nous a donner nos cours de préparation à l'accouchement. Et je crois que maintenant que je sais que c'est avec elle que je vais accoucher, je suis heureuse.

A l'instant où nous entrons dans la salle d'accouchement, une contraction monte et me paralyse sur place, debout, appuyer sur mon mari, lui broyant les épaules au passage. Rahel, avec sa voix si douce, m'encourage et me rappel la technique de respiration. Le fameux râle du caribou en rut.


Une fois la contraction passée, je regarde autour de moi et remarque que nous sommes dans la plus belle salle d'accouchement de l'hôpital. Une grande baignoire, un lit rond avec tout ses accessoires, la corde en tissus pour me balancer, le lecteur cd. Je demande à mon tendre mari d'y insérer le cd de Joy Denalane "Mamani" (pour vous mettre dans l'ambiance, écoutez le tout en lisant la suite).

Ma sage-femme m'installe sur le lit pour un premier touché. Dilatation à 5cm ! Cette fois, impossible qu'on me demande de rentrer à la maison. Soulagée, j'entame une nouvelle contraction, mais sereinement et méthodiquement. La douleur monte doucement. Je la comprend mieux. Je n'ai plus peur d'elle. J'ai même l'impression de la maîtriser.

Rahel me propose d'aller dans la baignoire, j'accepte sans hésitation.
J'y entre doucement, j'y suis si bien. C'est bon chaud, je me sens d'un coup si légère. Je flotte dans tous les sens du terme.
Contraction, respiration, je me tord, je suis à genoux dans la baignoire, les bras croisé sur le rebord, et j'enfouis ma tête dedans. 
Mon mari me caresse tendrement la nuque. Ma sage-femme, elle, me rassure encore et m'assure que je m'en sors comme une cheffe. Elle relève mes cheveux, les attache.
Contraction terminée, je souffle et me détend.

Il est 19h00 environ...

Les heures passent et se ressemble à peu de chose près. Mise à part la douleur qui s'intensifie, mon mari est là, tendre et attentif. Rahel me félicite à chaque contraction, comme si elle n'avait jamais vu une femme aussi forte et calme à la fois. Je la crois...


Il est 21h00 environ...

Je commence à ne plus me sentir si à l'aise dans l'eau. Je ne sais d'ailleurs plus quelle position adopté pour me soulagé. Les râles de caribou en rut n'ont plus l'air de faire leurs effets. Je crie, fort, très fort, à chaque contraction.
J'attends la fin de cette contraction là, je me lève de la baignoire. Mon mari me demande ce que je veux, je lui ordonne de me tenir pour sortir de là, j'en peux plus.
Entre la baignoire et le lit, contraction. Je m'accroche aux épaules de mon mari, je le sert fort, je crie...
- POURQUOI MOI ??? pourquoi moi ??? Pourquoiiii ???
Rahel m'aide à m'installer sur le lit. D'abord couché sur le dos et c'est là que j'ai une nausée d'enfer et me lève en vitesse pour aller vomir. A genoux devant la cuvette des toilettes, contraction. Je m'accroche.
Mon mari vient m'aider à me relever.

- On essaie sur le côté ? me demande Rahel

Couchée sur le côté, je ne comprends plus grand chose, la douleur est en train de m'anesthésier le cerveaux. Dans ce brouillard, j'entends Rahel me parler d'acuponcture. J'acquiesce de la tête, sans vraiment savoir ce qu'elle voulait.
Et c'est à cette instant que je me retrouve avec des aiguilles sur la tête, le visage et je ne sais où encore.
Je m'en fiche un peu, je veux dormir.
Entre chaque contraction, je m'assoupis.

Il est 22h30 environ...

Rahel se penche vers moi et me chuchote qu'elle fini son service et qu'une autre sage-femme s'occupera de moi. Je suis pas sûr de comprendre lorsque je vois la tête de la deuxième sage-femme se pencher vers moi et me saluer. C'est celle qui m'avait accueilli la nuit précédente. Je commence à paniquer.

Il est 23h00 environ...

Sage-femme numéro deux me demande de me mettre sur le dos, dilatation à 10 cm, ça va être le moment de pousser. Je vois arriver le médecin qui se présente. Je panique encore plus. Je l'avais déjà rencontré lors de ma grossesse, et je l'avais trouvé un peu gauche. J'aurai tellement aimer voir arriver Médecin Beau Gosse.
Je suis beaucoup moins détendue et surtout d'avantage attentive à ce qui se passe autour de moi.
Contraction, je crie, toujours plus fort. Mon mari s'est placé derrière moi, mes bras autours de son cou, sa tête posé sur mon épaule.

Il est 23h20 environ...

Sage-femme numéro deux est une femme plutôt sèche dans sa façon de parler. Rien à voir avec Rahel.

- Maintenant, il faut arrêter de crier Madame, il faut pousser. 

Je tiens mes jambes en arrière comme elle me le demande et je pousse.
La poche des eaux vient à peine de céder, je me dis alors qu'heureusement que je n'ai pas écouter ma mère qui me conseillais d'attendre que je perde les eaux avant de filer à l'hôpital. 
Respiration, attente...
Contraction, je pousse !
On voit la tête, elle demande à mon mari si il veut venir voir, il refuse, je le comprend...
Respiration, attente...
Contraction, je pousse !
J'ai envie de lâcher mes jambes, je m'épuise, mais la sage-femme me rappelle à l'ordre.
Je sens une chaleur indescriptible.
Respiration, contraction, je pousse, fort, encore, je ne lâche plus mes jambes, je me concentre, il faut qu'il sorte maintenant, je vais y arriver, je pousse, je pousse...
Je le sens, il arrive, il est là, je le vois, c'est rapide ...

Délivrance, il est là, sur ma poitrine, je le tiens dans mes deux mains, il est là, enfin, je le regarde, je pleure, je rie, je le trouve si beau. C'est d'ailleurs ce que je n'arrête pas de lui répéter. Mon mari m'embrasse, a du mal à parler, regarde ce petit bout couché sur moi.

il est 23h35 et je ne sais plus sur quel planète je suis. Nous sommes seules au monde, mon fils, mon mari et moi. Je n'entends plus rien. Je ne vois plus rien. Je ne vois que lui. Si petit, si chaud, si beau.

Je l'aime déjà si fort.

3 commentaires:

  1. Eh ben bravo, j'ai tressailli à chaque contraction, et j'ai pleuré comme une madeleine
    C'était drôlement émouvant...

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  2. Bienvenu à ton petit Bout et merci d'avoir partagé ce moment si riche en émotions avec nous....
    Bises

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  3. @Joufflette : ♥ Merci ma chéwie, j'avoue que c'était l'effet désiré ! (enfin, j'aime po te voir pleurer tout de même)

    @Dorice : Bienvenue :-) Et je te souhaite d'avoir un accouchement aussi magique que le mien (félicitation au fait ♥ )

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